LGBTQIA+phobies : les conséquences sont désastreuses
> Quelques définitions pour rappel :
Discrimination : Attitude, action ou loi qui visent à distinguer un groupe humain d’un autre à son désavantage.
Cis(genre) : Qui adhère au genre assigné à sa naissance
Identité de genre : Expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue par chacun·e. Cette identité peut coïncider ou non avec le genre assigné à la naissance ou avec le système binaire du genre en vigueur dans la plupart des pays, dont la France (voir article sur le genre dans l’engagement n°36 de l’ANESF).
Hétérocentrisme : Système de représentations et de valeurs faisant de l’hétérosexualité la norme évidente, unique et supérieure sur les plans symbolique, sexuel et affectif. Il traduit et renforce les privilèges des personnes hétérosexuelles aux dépens des gays, lesbiennes et bi·e·s (1).
Les LGBTQIA+phobies sont les sentiments ou manifestations de rejet, de mépris ou de haine envers les personnes ou comportements associés à leur identité de genre, leur orientation sexuelle, ou encore leur sexualité.
Les discriminations ont longtemps été institutionnalisées, par exemple, en France, l’homosexualité a été dépénalisée par le Code pénal de 1791 (2).
Pendant le gouvernement de Vichy, en 1942, l’alinéa 1 de l’article 334 du Code pénal est modifié pour faire d’un délit les relations homosexuelles avec un mineur (moins de 21 ans), au lieu de 13 ans pour les hétérosexuels. Cela durera jusqu’en 1982, où la loi Raymond Forni du 4 août 1982, rapportée par Gisèle Halimi et soutenue par Robert Badinter, abrogera cette discrimination.
Actuellement, dans la loi Française, les personnes LGBTQIA+ ont les mêmes droits que les autres, en théorie. En pratique, il existe de nombreux vides juridiques, qui entraînent de nouvelles inégalités. On peut prendre en exemple tout ce qui concerne la filiation chez les personnes trans.
> Malgré les avancées qui ont pu exister, la situation actuelle est consternante :
24% des personnes LGBTQIA+ sont victimes d’agressions sur leur lieu de travail (3). Le nombre de cas d’agressions physiques rapporté à SOS homophobie est passé de 139 en 2017 à 231 en 2018, soit une augmentation de 66 %.
SOS homophobie affirme d’ailleurs que les agressions LGBTQIA+phobes augmentent à chaque fois qu’il y a un débat public et politique en lien avec cette thématique. Nous devons donc rester sur nos gardes avec les débats sur la PMA pour toutes à l’heure actuelle… (1).
Il existe encore de nombreuses pratiques telles que les “corrective rape”, c’est à dire que des hommes violent des femmes lesbiennes, souvent à plusieurs, pour “corriger” leur orientation sexuelle. Les thérapies de conversion, elles non plus, n’ont pas disparu. Ces thérapies consistent en un ensemble de traitements, proches de la torture, visant à changer l’orientation sexuelle des personnes homosexuelles ou bisexuelles.
A cela s’ajoute la norme de l’hétérosexualité, l’hétérocentrisme, ayant pour conséquence l’invisibilisation des personnes n’étant pas hétérosexuelles. C’est aussi le cas en ce qui concerne le genre. Cela peut donner lieu à une réelle souffrance pour les adolescent·e·s en questionnement sur leur genre ou leur orientation sexuelle. On peut aussi rappeler la prévalence des insultes LGBTQIA+phobes. Extrêmement répandues (pédé, enculé, tapette, tafiole…), elles stigmatisent les personnes LGBTQIA+ qui se rendent compte que l’insulte, c’est elles.
Les conséquences de ces discriminations sont graves.
Ainsi en tant que sages-femmes, ou futures sages-femmes, nous avons un rôle à jouer.
En effet, les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes sont plus à risque de développer des IST, et se font moins dépister. Cela s’explique par les préjugés liés à la sexualité des femmes lesbiennes. En effet, nombres de personnes pensent que les rapports sexuels sans pénétration “d’un pénis dans un vagin” ne sont pas de vrais rapports sexuels et donc ne sont pas à risque d’IST. Or, c’est une absurdité car le sexe oral, ou manuel, ainsi que muqueuse contre muqueuse, est contaminant.
Les femmes lesbiennes sont 4 fois moins vaccinées contre le papillomavirus que les femmes hétérosexuelles. Il arrive même que des professionnel·le·s de santé refusent aux femmes lesbiennes de leur faire des frottis alors que, nous le rappelons, ce sont des femmes qui ont plus de risques d’avoir des IST.
Le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer chez les femmes, combien de femmes lesbiennes sont mortes parce que la société est hétéronormative ?
Il est aussi important de parler du cas des hommes transgenre. En effet, ce sont des patients qui peuvent avoir fait une transition sociale, hormonale, chirurgicale, seules ou associées. Mais pour la grande majorité, ils possèdent toujours des organes génitaux féminins (vulve, ovaires, utérus). Il est donc évident qu’une prise en charge gynécologique s’impose. Mais les discriminations subies par les hommes transgenre les incitent à ne pas consulter. Ils n’ont donc pas de suivi pour la plupart, ce qui a des conséquences dramatiques sur leur santé.
Il est donc de notre devoir de nous former correctement à la prise en charge des personnes LGBTQIA+ nous consultant, pour être en mesure de réaliser un suivi personnalisé et inclusif de tout un chacun.
> Pour aller plus loin :
- Podcast “interieur queer” de France Inter
- Podcast “Camille” de Binge Audio
- Podcast “Les couilles sur la table” de Binge Audio
- Podcast “Adieu Monde Hétéro” de Juliette Hamme
- Compte instagram “projet_hera”
- Compte instagram “aggressively_trans”
- Compte instagram “océan_officiel”
- Compte instagram “lecoindeslgbt”
- Compte instagram “payatagouine”
- Compte instagram “payatatransphobie”
- Livre “La pensée straight” de Monique Wittig
- Livre ‘Les couilles sur la table” de Victoire Tuaillon
> Bibliographie :
- Rapport_homophobie_2019_interactif.pdf [Internet]. Disponible sur : https://www.soshomophobie.org/sites/default/files/rapport_homophobie_2019_interactif.pdf
- Homophobie LGBT-phobies c’est quoi ? – ADHEOS [Internet]. Disponible sur : http://www.adheos.org/homophobie-lgbt-phobies
- 114881_-_rapport_barometre_lgbt_autre_cercle_def.pdf [Internet]. Disponible sur : https://www.autrecercle.org/sites/default/files/OAC/BAROMETRE/114881_-_rapport_barometre_lgbt_autre_cercle_def.pdf
Fanny Toussaint
1ère Vice-présidente en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche
Article LGBTQIA+phobies – Version PDF