S’engager pour mieux se rassembler – Engagement N°30 – Décembre 2017

20h51. Arrêt Jean Jaurès. Ligne de bus numéro 2. Les gens sortent peu à peu du bus et je me noie dans cette foule si pressée. Mes pas sont lourds, les bruits retentissent encore dans ma tête. Leurs paroles étaient des balles dont la visée se rapprochait de plus en plus de mon cœur. Les larmes me montaient, les épaules lourdes et le ventre noué me brouillaient l’esprit.

Pourquoi ai-je fait ça ? Quel sens donner à tout ça ?

J’ai pris le chemin de chez mes parents. J’avais besoin de leur soutien. Sur la route, je repensais à ce conseil. Le président de l’université siégeait et les représentants du personnel étaient présents. Avec mon équipe d’élus, nous étions là, enfin nous étions 3 sur 4. Nous avions préparé le conseil pourtant. L’ordre du jour était prêt et c’était l’occasion pour nous d’aborder l’intégration universitaire des étudiants sages-femmes. J’avais eu l’occasion d’en discuter avec la directrice qui n’était pas en faveur du projet, par peur de perdre son poste et ses responsabilités. Le président lui, était plutôt pour, dans la mesure où le budget de l’université le permettait. Le seul problème, c’est que le budget, ce n’était pas nous qui le votions mais bien le Conseil d’Administration de l’université. Nous, nous étions des élus UFR qui tentaient coûte que coûte tout au long du mandat d’intégrer les étudiants sages-femmes dans la vie de l’université. J’ai souvent l’impression que toutes ces questions me dépassent. Je me sens impuissante face à ces personnes qui ont tellement d’expérience et de compétences dans ce domaine. C’est pour cela que nous avions organisé nos tours de parole avec Julien. Ah sacré Julien ! Ma tête de liste lors des élections, celui qui coordonne nos actions et qui connaît par cœur le schéma de l’université, ainsi que les personnes qui y siègent. Il fait notre réseau, c’est un vrai point d’appui pour nous.

Les problématiques propres à l’université se sont enchaînées (date des examens des étudiants en médecine, organisation du tutorat PACES…). Il était maintenant temps pour nous de prendre la parole concernant l’intégration de mon école de sage-femme au sein de cette université. C’était à moi d’aborder le sujet, étant donné que j’étais la personne qui représentait les étudiants sages-femmes. Le débat tournait en rond et les mots de chacun étaient forts.

« La région gère très bien tout ça, Pourquoi nous en mêlerions-nous ? »

« Nous n’avons pas le budget pour ça »

« Les infirmiers sont affiliés à la région eux aussi et ne s’en plaignent pas »

« Il faut respecter la volonté de nos politiques sur la décentralisation des enseignements supérieurs »

« Nous avons des accords avec la région, eux sont très satisfaits de l’enseignement délivré par les écoles de sages-femmes »

Mes arguments furent détruits les uns après les autres, je n’avais aucun recours et les élus de ma liste ne savaient plus quoi dire pour me soutenir. J’ai l’impression de n’avoir servi à rien mis à part de nous mettre l’université à dos. L’intégration universitaire s’éloigne de jour en jour, et ce sans que je puisse faire quoi que ce soit. Un rêve dont j’avais compris les intérêts par les pairs, un idéal dont les étudiants sages-femmes prennent peu à peu conscience mais qui s’enterre sous des centaines d’accords et d’intérêts politique de ma région. Le petit soldat que je représentais pour les étudiants sagesfemmes de ma région perdait peu à peu son casque, son gilet pare-balle se trouait et s’usait sous les coups au fur et à mesure des conseils ; il se désarme bien trop souvent face à cette université bien trop puissante. J’ai franchi le pas de ma porte. Mes parents étaient là, heureux de me retrouver. Il est l’heure de passer à table et les questions s’enchaînent déjà. « Alors les études ça va ? Ton dernier stage, tu as aimé ? C’est quand tes partiels déjà ? ». Des questions qui me rappellent à quel point je suis déjà en retard dans mes révisions et que demain j’attaque mon deuxième stage en salle de naissance. Comme d’habitude, je les rassure et je ne montre rien. Je tente d’aborder mon engagement d’élu et de raconter mon conseil d’UFR. Ma mère était en train de débarrasser la table tandis que mon père ranger le lave-vaisselle. Ils n’écoutaient que d’une oreille distraite jusqu’à ce que j’entende :

« Pourquoi tu fais tout ça ? Tu sais la priorité se sont avant tout tes études. » Me dit ma mère.

« Mam’, mes études sont toujours ma priorité mais je me rends bien compte que ce n’est pas comme ça que je veux être formée. Je veux changer les choses, que ma formation soit meilleure », ai-je répondu.

« On le conçoit avec ton père, mais pourquoi toi tu y consacres tant de temps ? Les autres eux vont réussir et toi tu vas rester sur le carreau ! Ils s’en moquent eux de tout ça », a-t-elle rétorqué.

Ce n’est pas la première fois que j’entends ces paroles qui me blessent. Je n’avais pas besoin d’entendre tout ça après ce foutu conseil ! J’ai quitté la table sans dire un mot. Je me suis enfermée dans ma chambre pour me retrouver.

Ma guitare était là et me rappelait mes années lycée. Je l’ai prise et j’ai joué des airs qui me plongent dans des souvenirs enfouis. J’ai retracé mon parcours et je me suis rendue compte à quel point j’avais pris de l’assurance malgré tout ça. J’ai commencé à chanter et à oublier cette sale journée. La vie m’a toujours semblé plus légère en l’abordant comme ça. Puis, j’ai pris une douche et je me suis couchée. Au final, demain est un autre jour, et nous reverrons nos plans d’attaque en équipe, nous avons du soutien de la part de nos associations locales, territoriales et nationales. Le combat prendra du temps mais une bataille de perdue ne nous fera pas perdre cette guerre. Il n’est pas l’heure d’abandonner. Demain je remettrai mon casque et je continuerai à me battre, pour moi, pour eux et pour les futurs étudiants sages-femmes.

L’engagement étudiant, notamment dans les conseils d’université est encore très méconnu des étudiants. Leur rôle est souvent ignoré et mal connu, et pourtant ces soldats du quotidien se battent pour vous et pour votre formation. C’est en les impliquant dans la vie étudiante et avec une reconnaissance que nous les accompagnerons et les encouragerons au mieux dans leur mandat.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a édité un rapport promulguant une volonté d’intégrer les écoles de sages-femmes à l’université. C’est là une réelle opportunité pour nos études d’enfin accéder au paysage universitaire en équité avec les étudiants des autres filières. De nombreuses perspectives pourront alors s’ouvrir pour notre formation (notamment un accès aux services universitaires généralisé de type SUMMPS, SUAPS, BU…).

La mise en place de ce rapport se fera au sein de chaque université, de manière progressive. Les conseils décisionnels de l’université jouent un rôle très fort dans cette problématique.

Au cours de l’année universitaire 2017-2018, de nombreux conseils vont être renouvelés notamment les conseils centraux. Ce sont les conseils qui gouvernent en grande partie l’université. Afin d’encourager les futurs élus et donc vos futurs soldats universitaires, il est nécessaire que vous alliez voter !

Votre cause n’avancera que par une unité et une solidarité autour de ces problématiques, dont seul un élu peut faire entendre en conseil auprès de l’université. S’engager pour mieux se rassembler, se rassembler pour mieux s’engager…

Qu’importe ! Vos élus ont besoin de vous comme vous en avez besoin… Alors qu’attendez-vous ?

Faites-vous entendre, et allez voter !

Camille Ferret, Vice-presidente en charge des Elections et Suivi des Elus 2017 – 2018

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